Village : Auberge et Bibliothèque

Pendant que les autres parlaient, Mathias faisait quelques réflexions philosophiques dans sa tête. Il avait un caractère particulier. Il était le genre d'homme à s'adapter facilement, autant aux environnements qu'aux personnes. C'était un atout pour un voyageur tel que lui. Il s'adressa au squelette.

-J'ai beaucoup foi en l'humanité. En tout être doté de raison d'ailleurs. Je dois avouer que mes références sont quelques peu moralistes, mais, dans les faits, je ne vois pas pourquoi vous n'auriez pas le droit d'être respecté.

Il prit une posture plus officielle, mais dénuée de lien amical, sans pour autant qu'il y ait absence de professionnalisme. Il tendit la main au prêtre.

-Je me nomme Mathias Lunarion, humble voyageur. 

Lorsque Tsadkiel alla pour lui serrer la main, il la retira nerveusement et émit un rire nerveux. Sa capacité d'adaptation devait avoir ses limites.

-Désolé. Il faudra tout de même me laisser le temps de m'habituer à votre présence. Héhé.

- Lurien, si vous parlez de la nécromancie comme étant la magie de la mort, vous avez seulement à moitié raison. Le plus commun des sorts de nécromancie est quand même un sort de guérison, mais ce n'est pas un sort que j'aime utiliser de toute façon. 

Tsadkiel laissa s'introduire Mathias et alla pour lui serrer la main lorsqu'il eut un mouvement de recule. Qui pouvait lui en vouloir, ce n'est pas tous les gens qui ont été élevés en côtoyant des morts, Tsadkiel était même surpris de l'aisance que les gens ont à le fréquenter. C'était vrai qu'il essayait de faire profil bas pour continuer ses expériences dans le secret, donc il ne voyait pas de point négatif à sa situation actuelle. 

- Ne vous en faites pas Mathias, je porte des gants en grande partie pour protéger les gens de mon entourage de devoir toucher mes pauvres mains squelettiques. Il semblerait que la sensation n'est pas particulièrement agréable pour la plupart des gens. Mais bon, assez parlé de moi, j'aimerait savoir qu'est-ce qui vous amène ici?

Le magicien ouvra les bras en démontrant avec impuissant les alentours.

-Voyez-vous, mes pas me conduisent de ville en ville depuis bien des années. Je parcours les sentiers sans réellement me questionner sur où ils vont déboucher. Il est tout de même assez rare que je fasse preuve de sédentarité, je dois vous avouer. Je me plais à découvrir le monde, croiser des gens de toute sorte. J'ai cru comprendre que j'étais prisonnier de ces terres, mais je n'en ai encore aucune preuve, donc tout reste à vérifier. Je ne saurais pas vraiment en dire plus, car il n'y a pas de raison particulière à ma venue ici.

-Je vous le dis Mathias que c'est pratiquement impossible de sortir d'ici, mais je comprends que vous préféreriez tenter de découvrir un moyen par vous-même. Le livres que contiennent cette bibliothèque contienne un grand savoir sur ces terres, peut-être trouverez-vous le moyen de quitter cette lamentable prison. 

Tsadkiel savait que ce n'était pas tout à fait vrai, il y avait en effet un moyen de s'enfuir qui était déjà découvert. Cependant, Mathias ne pouvait pas partir avant de lui avoir donné une partie de son savoir et il allait s'en assurer. 

- En passant, voulez-vous que je vous conduise vers l'au-delà Lurien? Avec mon aide, vous pourrez vous soustraire aux limbes éternelles. Mais si vous préférez souffrir pour l'éternité, libre à vous. 

Tsadkiel attendait la réponse de Lurien en sortant sa bible ainsi qu'un pinceau et une fiole d'une encre noir qui semblait léviter à l'intérieur du flacon.

Mathias ne se rua pas sur les livres, il se disait qu'ils n'étaient tout de même pas pour s'envoler. Il acquiesça aux dires du transmutateur. L'attention du voyageur s'attarda sur l'étrange encre.

-Mes connaissances du domaine divin sont très minces. Vous êtes capable de guider les âmes vers l'enfer ou le paradis? Je veux dire, est-ce que c'est en votre pouvoir?

- Ma déesse m’a bel et bien donné le pouvoir de conduire les âmes dans le lieu de leur repos éternel. Par contre, je ne parlerais pas d’un paradis ou ‘un enfer comme les gens l’entendent normalement. Je peux les guider à travers les limbes ou les y laisser errer pour l’éternité. Cette errance est ce que certain pourrait comparer le plus facilement à l’enfer traditionnel.

Tsadkiel ne cherchait pas ses mots, ce n’était pas la première fois qu’il avait une discussion semblable dans le Mythall.  

Ce que le transmutateur venait de dire avait éveillé quelquechose en Mathias. S'il l'avait pu, il lui aurait répondu «pas tout à fait», mais une boule dans sa gorge l'en empêcha. Il toussota afin de s'éclaircir la gorge et changea de sujet.

-N'y a-t-il pas plus de surveillance ici? Habituellement n'y a-t-il pas de gardiens dans une bibliothèque?

Le voyageur espérait réussir à faire dévier la conversation, peu désireux de refaire face à de tristes souvenirs.

- La surveillance de la bibliothèque est habituellement sécurisée par Cashew, l'un des mage les plus explosifs du Mythall. Personne n'a attaqué la bibliothèque et est resté en vie assez longtemps pour le raconter. Cependant, quand il n'est pas là, il y a moi ou un autre mage, comme Darwin, qui prend sa place quelque temps.  

La voix de Tsadkiel changea alors soudainement, ses yeux était noir et sa main se serrait, faisant grincer le cuir des ses gants. 

- Par contre, une ordure de la pire espèce a réussis à s'en sortir. Il ne nous a pas attaqué directement, mais il a détruit tout les biens important que comportait la bibliothèque. Si on pouvait me donner une chance de ma venger.... 

Il resta silencieux un moment. L'atmosphère était plus lourde dans la bibliothèque tout d'un coup.

Mathias tenta d'afficher une moue désolée.

-Sans vouloir critiquer quoi que ce soit, je ne perçois pas d'organisation quelconque dans cet établissement. Dans les établissements bibliothécaires des grandes villes, il y a un service de surveillance, des sections interdites avec des dispositifs de sécurité, un conseil d'administration... de l'organisation quoi? N'y-a-t-il pas une garde citadine ou une milice pour punir les malfaiteurs dans ce village?

Tsadkiel savait tout à fait comment fonctionnait l’organisation du village, ayant lui-même prit par à des rencontre. Il y avait trop de différences d’opinion et chacune des lois devait être réécrite pour satisfaire les minorités. Le système ne fonctionnait pas très bien, mais il pouvait au moins donner un faux sense de sécurité au villageois et c’est tout ce que Tsadkiel voulait. 

- Les lois que j’ai écrites sont justes Lurien. Si tu veux juger quelque chose, juge le manque de budget pour engager une milice ou des gens de compétences. Les seuls gens compétents occupent des rôles bien différents que celui d’un simple garde. 

S’adressant alors à Mathias

- Le problème avec l’organisation de la bibliothèque c’est que le lieu nous est prêté. En fait, le vrai propriétaire, Krakos cassepieds, ne se trouve pas ici en c’est très difficile pour Cashew et moi de pouvoir changer drastiquement la bibliothèque sans son accord, comprenez-vous? Mais soyez rassuré que Darwin, le juge du village et grand magicien, sait être punitif dans ces sentences et tous les actes criminelles majeures survenus dans le village ont été condamnés et les gens jugés. Laissez-moi vous dire que les statues ou tas de cendres que vous pouvez voir dans le village ne sont pas que de simple décoration.

Malgré ce que le prêtre disait, Mathias n'était pas vraiment convaincu. Il ne fit par contre nullement par de ses commentaires ou remises en questions. Le voyageur paraissait aussi un peu mélangé, car il y avait diverses mentions d'un régime passé et d'un régime actuel. Il tentait d'assimiler l'ensemble des informations. Après ce qui venait d'être dit, Mathias ne jugea pas nécessaire d'insister d'avantage. Il acquiesça et prit nonchalamment un ouvrage de la bibliothèque et l'observa. Il constata alors que des chandelles étaient disposées tout près des armoires et des livres. Il posa une question un peu innocemment.

-Ne craignez-vous pas que le feu prenne? Je n'ai jamais vu de bibliothèque où il n'y avait pas une séparation entre l'entrepôt et l'aire de lecture. Les chandelles risquent à tout moment d'embraser les ouvrages et une telle séparation empêche la propagation de ce fléau.

Après un légé silence de la part de Lurien et du transmutateur, Tsadkiel répondit à Mathias.

- C'est en effet quelque chose à laquelle j'ai déjà pensé, mais pour l'instant le propriétaire des lieux n'a pas tenu compte de mon conseil. Je garde donc le nécessaire sur moi, et non ici. Mais bien sûr, si je parviens à joindre Krakos, je pourrais voir avec lui qu'on fasse installer une salle d'entrepot, c'est bien ce dont vous parlez Mathias, non?

Tsadkiel apréciait les conseil de mathias. Enfin quelqu'un qui pensait comme lui...

Le voyageur acquiesça et se rendit compte de ce qu'il faisait. Il se mordit les doigts.

-Mais où sont passées mes bonnes manières? Vous m'accueillez chez vous et je critique vos manières de faire. Veuillez me pardonner. Je viens tout juste d'arriver et je me comporte de manière un peu trop familière. Ne prenez surtout pas mes remarques pour des insultes. Mes commentaires n'avaient pour but que... d'optimiser vos installations.

Mathias parut mal à l'aise.

De retour après un périple qui fût très ardu, Krakos entra dans la bibliothèque et aperçu les hommes qui y discutait.

- Allo ! S'exclama le petit être vert. Il commença à sortir de sa besace quelques documents qu'il plaça minutieusement dans la bibliothèque, sous le regard des hommes qui étaient là.

- Qu'est-ce qui s'est passé pendant que j'étais parti ? Il est où Cashew?

Le gobelin avait confié la bibliothèque à ce dernier avant d'entreprendre un court voyage à la recherche de connaissances utiles et fût plutôt étonné de ne pas le voir lors de son retour.

(Plusieurs lunes ont passé entre ce post et le dernier)

Comme à son habitude, Tsadkiel travaillait dans sa bible, entouré de parchemins de toutes sortes. Il était seul puisque Krakos était sorti pour quelque temps faire ''des trucs de gobelins''. Le gobelin avait d'ailleurs prit soin de barrer la porte pour assurer la sécurité des lieux en son absence.

Cela ne dérangeait pas du tout le prêtre qui avait besoin de calme et de solitude pour prier. Surtout que depuis quelque temps, ses prières semblaient le mettre en contact avec sa déesse et il sentait que ses pouvoirs grandissaient rapidement. ''Je ferai une grande messe pour l'honoré, se disait-il, mais elle devra attendre encore un peu, tout n'ai pas encore prêt''.

Perdu dans ses réflexions, il entendit à peine les petits coups donnés à la porte. Il rangea rapidement les parchemins et se dirigea vers l'entré pour ouvrir la porte.

Durant l'une des nuit les plus noire de Mythall, alors que toutes les bonnes gens dorment, un éclair d'un blanc lumineux sorti des fenêtres de la bibliothèque. L'éclaire ne dura qu'un instant mais certaine personne de moins bonne profession rôdant au alentour aperçurent l'éclat et curieux approchèrent de la fenêtre. Un homme tout de blanc vêtu semblait chercher quelque chose dans l'armoire aux parchemins interdis de maître Wung. L'intrus semblais furieux et laissait un bazar partout ou il passait quand soudainement il aperçut la personne qui regardais par la fenêtre. Un instant plus tard, un second éclaire de lumière aveuglant sortit par toute les ouvertures de la bibliothèque et l'homme en blanc était disparu sans laissé de trace.