Auberge des Pluies

En s'approchant de l'auberge, le gobelin aperçu un homme. Ce dernier, à l'air pensif, constata sa présence rapidement.

-Allo ! Z'êtes qui vous? dit le petit bonhomme vert.

Le mage demeura quelques secondes stoïque, ayant oublié le tacte commun aux gobelins.

-Si tu ne sais pas qui je suis et que tu t'aventures jusqu'ici, tu dois être un nouveau venu. Mon nom aura tôt fait d'avoir une signification pour toi, sache que peu de gens vivent dans le Mythall sans me connaître. Je me nomme Azraël.

Le visage du gobelin s'éclaira aussitôt, car s'était la personne qu'il rechechait.

- Allo ! Justement, j'ai entendu parlé de toi et j'avais un marché à te proposer. J'ai su que tu es le marchand officiel de parchemins sur les terres ... mais ... les gens ont peur de venir te voir, donc ton marché n'est pas très profitable. Je suis le nouveau bibliothécaire au village et je voulais t'offrir de revendre tes parchemins. Étant donné que les mages viennent tous étudier à la bibliothèque, je rencontre beaucoup de clients potentiels. Je voulais pouvoir leur vendre des parchemins ... mais je ne veux pas te voler ton marché. La meilleure solution était de te demander d'être revendeur. Pour cela, j'aurais besoin d'une liste des parchemins que tu veux vendre.

Le nécromancien resta bête un instant, il ne s'attendait pas à cette proposition. Il considéra la proposition du gobelin. Son commerce n'avait effectivement jamais été aussi mal en point. Il allait tenter d'y remédier avec son apprenti, mais cet aide pourrait lui être utile. Azraël avait déjà pensé à plusieurs reprises de mettre de côté le commerce, mais il constitue un accès efficace au pouvoir et à l'influence. Il observa le gobelin, l'analysant de la tête aux pieds.

-Ah bon... Et comment crois-tu être apte à protéger la marchandise? Quelles sont tes aptitudes pour un tel travail?

Le mage mettait déjà le petit homme à l'épreuve avec ses questions auquelles il avait déjà une bonne idée de la réponse. Pour ajouter à cela, il souleva sa capuche, révélant ainsi son visage, intensément maigre, peau aux allures de vieu parchemin habimé. Même qu'à quelques endroits la peau y était déchirée, tracée par de petites fissures noirâtres. Il attendait la réaction du gobelin.

En voyant le visage décrépit du mage, le gobelin resta froid. Ce n'était pas le premier visage meurtit qu'il rencontrait en ces terres. Par contre, il sourit légèrement lorsque ce dernier mentionna la protection de la marchandise.

- Tu n'as pas à t'inquiéter de la marchandise ! Je demande la moitié de l'argent à mon client d'avance, puis l'autre moitié à la livraison. Par contre, dès que tu me remet le parchemin qu'il veut, je te paye en entier. C'est donc à mes risques que je vais le trimballer. De toute façon, si je me fais attaquer, je sais me défendre ... et j'ai des connaissances qui peuvent m'aider en cas de besoin. Si Molock me fais assez confiance pour que je sois son apprenti à la taverne, je crois qu'elle serais surement prête, moyennant quelques services, à me défendre en cas de besoin. Du moins, à me donner des conseils de survie.

Le gobelin savait très bien qu'en mentionnant le fait qu'il travaille pour Molock, cela aiderais pour négocier avec le mage, étant donné qu'il sait qu'elle est une personne influente sur ces terres. Par contre, il ne sais pas ce que Azrael pense d'elle. Une chose était sûre dans sa tête, il sait qu'elle est capable de se défendre !

Azraël soupesa l'offre. La proposition de fonctionnement que venait de proposer le gobelin ressemblait sensiblement à ce que le nécromancien avait en tête, et sa réation à la vue de son état ne semblait pas l'avoir affecter plus qu'il ne le faut. Le mage le trouvait convaincant. Par contre, lorsqu'il a mentionné le fait qu'il était l'apprenti de Molock, il ne savait pas trop s'il devait bien le prendre. Leur relation était bonne, mais cette femme était très intelligente et cachait beaucoup de choses, une attitude qui ne plaisait pas toujours à Azraël. Néamoins, la technicalité de la revente ne mettait, en apparence du moins, aucun risque pouvant menacer le mage. Bien qu'il n'avait pas de raison d'avoir confiance en le gobelin, Azraël ne voyait pas non plus pourquoi il ne le mettrait pas à l'essai.

-Je suis prêt à te mettre à l'essaie. Je ne te connais pas, mais tu es en situation qui me démontre que tu n'es pas sans ressources. Je te préparerai une petite liste des parchemins usuels accompagné des prix de vente. Tu dois sûrement savoir que ces prix ne représentent qu'un minimum de profit, je te donne le droit de confler ces prix selon les clients et les situations.

Azraël n'avait pas revu la civilisation depuis un petit moment, ses projets lui prenait énormement de son temps. Il était curieux de savoir si le petit être était en mesure de le renseigner.

-Il va de soit que mes connaissances de l'Art sont immenses, je ne te donnerai bien sûr pas une liste complète de mes capacités. Mais dis-moi, quel est le potentiel des lanceurs de sorts que tu côtoies? Peut-être cela me permettrait d'adapter ma liste.

Le gobelin sourit. Il savait que Azrael ne voulais pas lui donner l'étendue complète de son pouvoir, se qui est tout à fait naturel. Tous et chacun veulent garder leur petits secrets. Constatant que son interlocuteur ne rencontrait pas beaucoup de gens ces temps-ci, il se permit de le renseigner sur les mages en ces terres.

- J'ai pris le soin de demander les parchemins que tu voulais vendre, et non ceux que tu pouvais faire car je sais que tu veux garder certains de tes pouvoirs pour toi. Je ne connais pas l'étendue de ceux-ci, mais je peux me douter qu'ils ne sont pas à discuter. Pour répondre à ta question, en ces terres, tous les mages sans exception visitent la bibliothèque. En étudiant dans celle-ci, leur magie leur revient plus rapidement, ce qui est à leur avantage. Même toi pourrais en tirer profit. Il y a donc des mages de toutes les puissances qui me rendent visite. Aussi, pour ce qui est des prix de vente des parchemins, il est évident que je me ferais aussi une petite marge de profit, car c'est moi qui prend les risques dans ce marché. Je suis très content de voir que la proposition t'intéresse et j'espère que nous pourrons en tirer profit très bientôt.

-Fort bien, petit gobelin dont je ne connais pas le nom. Tu auras donc une liste des éléments que je puis te fournir, tu viendras me voir si jamais il y a demande. Je te donnerai la commande en échange de la somme totale de l'arrangement que tu auras pris avec le client. Je tient à t'avertir toutefois... si jamais tu venais à te jouer de moi...

Le regard de la liche se fit beaucoup plus lourd et pénétra directement dans celui de Krakos. Ce dernier sentit alors la chaleur de son corps le quitter légèrement, lui occassionnant un frisson lui parcourant l'échine. Le gobelin put alors constater que nulle vie ne brillait dans les yeux d'Azraël, uniquement une faible lueur gris-rouge.

"Je suis sûr qu'il a compris le message!", dit une voix plutôt joyeuse, mais personne d'autre était visible.

"Oh pardon, J'ai prit les mauvaise habitudes d'un elfe que j'ai bien connus.", Owyn dissipa son sort d'invisibilité. Il apparût à quelques pas du gobelin et marcha vers ce dernier. Il posa une main sur son épaule et lui sourit. Il lâcha son épaule pour piger dans sa bourse. Il sorti une main vide.

"Dommage, je t'aurais bien avancé ton prochain salaire de bibliothécaire. Reviens me voir au début de la prochaine lune. Avais-tu terminé avec notre cher Azraël?"

Le gobelin compris rapidement qu'il serait à son avantage de respecter l'engagement qu'il prenait avec Azrael. Puis, il fit un petit sursaut en apreçevant l'autre homme qui apparût en arrière de lui.

- Ah ! Owyn. Allo ! Je crois que j'ai terminé avec Azrael. En passant, si tu me cherches pour quelques raisons que ce soit, je me nomme Krakos et on me trouve habituellement à la bibliothèque ou à la taverne. À la prochaine !

Le petit homme vert retourna tranquillement vers le village avec l'air satisfait car il avait pu rencontrer le marchand de parchemin et conclure un marché avec lui. Après l'avoir vu de ses yeux, il compris un peu pourquoi les gens avaient peur d'aller le voir, car son apparence meurtrie n'est pas la plus attirante qu'il ait vu. Il savait désormait que sa vie ne serait pas en danger avec cet homme tant qu'il respecterait sa parole. Il était plutôt fiable à ce sujet, contrairement à plusieurs autres de sa race. Par contre, il devra bientôt se contraindre à abandonner son campement, car si les paladins apprennent qu'il traîne avec Azrael, ils allaient sûrement le mettre à la porte. Malgré que Krakos ne les a pas trahi ... pour l'instant! Heureusement, il lui reste sa bibliothèque qui peut lui servir de logis en cas de besoin.

Le mage enclina également à mettre fin à cette discussion, il n'y avait d,ailleurs rien à ajouter.

-Mon corbeau t'apportera la liste d'ici peu.

Le gobelin s'en alla prestement, il ne restait qu'Owyn.

-Cela faisait longtemps Owyn. Tu sais, tu n'as pas besoin de faire tout ce manège, je t'ai déjà connu plus franc. D'ailleurs, en parlant du bon vieu temps, veux-tu une tasse de thé?

Les deux hommes se connaissaient depuis un bon moment, du temps où Madrad était encore parmi eux. Les chemins des deux marchands s'étaient toutefois séparés, occupations y obligeaient.

"Entre nous on peut être plus nature, mais en présence du petit peuple il faut tenir nos bonnes habitudes et faire attention à nos apparences. Je prends une tasse volontier, mais je ne crois pas que dans ton état tu peux apprécier quelques feuilles infusé. J'ai une petite découverte pour toi."

Le Régent fouilla dans son sac et sorti une bouteille noire. Pendant qu'Azraël préparait le thé, il prit une tasse vide et versa le liquide dans la tasse. Le liquide en question était aussi noir, il y avait deux pétales noir qui flottait sur le dessus du mélange. Owyn prit son aise dans la boutique de son collègue. Il déposa son sac sur un bac et fit le tour de l'emplacement.

"Ça n'a pas beaucoup changer, excepté que tu as un semblant de fortification et tu es plus près du village. Il me semblait qu'à un moment tu voulais t'éloigner le plus possible de la direction du village et des paladins fouineurs. Tu as peut-être remarqué que les rangs de la lumière on légèrement grandit depuis quelques temps. Espérons qu'ils ne cherchent pas les ennuis."

Une fois l'infusion chaude prête, le mage servit un vers de thé à Owyn.

-Ces herbes datent un peu, mais cela n'aura fait qu'amenuir leur force, ce qui est bien pour toi. Pour ce qui est de mon rapprochement du village, cela n'est motivé que par mon désir de développer un peu le commerce. J'ai d'ailleurs un apprenti qui saura m'aider, mais je crois que je vais devoir recruter pour du personnel. Je crois d'ailleurs que tu sauras répondre à quelques questionnements législatifs...

Lorsque son collègue mentionna l'agrandissement des troupes des serviteurs de la lumière, il ne broncha pas.

-Les frontières entre la lumière et les ténèbres sont floues et tu le sais. Il est aisé de se confondre et de basculer. Il en va de même pour la vie et la mort. Fut un temps où ma place était précise sur ces tableaux, mais maintenant... Il marqua une pause. Ces distinctions sont futiles.

La liche considéra le liquide noir et en but une gorgée.

Owyn goûta le thé, il le trouvait plutôt faible, il y rajouta une lampé de liquide noir. Le liquide en question était doux et délectable pour Azraël. Le goût de la mort même, la mort pure, la mort douce et enjôlante. La mort parfaite. Ce goût raviva les dernières papilles gustatives du mort-vivant. Owyn leva son verre et prit une longue gorgée.

"À ta santé", dit-il ironiquement, "Je venais justement me quérir de tes intentions de commerce. Tu dois être dans la même situation que moi, pas assez de temps. Les apprentis viennent remplir le manque de temps pour tenir nos boutiques. Pendant que j'y suis, je réfléchit à repenser le contrat de la Coalition Marchande. Il date un peu et il n'est plus au goût du jour. En tant que marchand de longue date et fondateur de la Coalition, j'ai pensé qu'on nous pourrions nous attarder un peu sur se sujet lors de la prochaine lune."

Le Régent réfléchit à la réflexion sur le bien et le mal.

"Ce n'est pas la première fois que tu parles de cette manière. Cependant, ce n'est pas tout le monde qui ont la même lucidité face à la question. Certains n'y voient que le bout de leur nez et encore là, c'est très loin. Tout ce que je voulais dire c'est de les tenir à l'oeil, ils sont un peu plus présent qu'avant, mais pas pour former un réel danger."

Le liquide noir agit comme un beaume pour la liche, il devint plus détendu.

-S'il y a de nouveaux venus parmi ces rangs dont tu parles, mon apparence frêle jouera sûrement à mon avantage. Les mortels sont si bornés par leurs sens.

Il sirota un peu le liquide, désirant faire durer le plaisir.

-Un nouveau contrat? Intéressant, je crois que nous sommes capables de le refassonner sans difficulté. Concernant mon commerce, il nourrit de belles perspectives d'avenir. La diversité des produits m'emmène même à hériger un registre pour l'établissement. D'ailleurs c'est à ce propos que je me questionnais. Y-a-t-il des règlementations dans la Coalition qui restreignent les types de produits et services offerts par les différents marchands? Si oui, je crains fort que cela ne freine mes affaires.

Azraël avait beaucoup moins de retenu en la seule présence d'Owyn, mais bien entendu tant qu'ils ne font que parler commerce.

...Quelques temps plus tard...

Plusieurs parchemins et livres trainaient par-ci par-là dans l'Auberge des Pluies. Des ouvrages sur la magie, des notes, des plans. Quelques chandelles illuminaient l'intérieur obscur du bâtiment sans fenêtre. La porte était fermée à clée. Azraël était assis sur un banc devant la table et sur celle-ci se trouvait un étrange disque sombre avec des pierres précieuses incrustées qui luisaient. D'étranges inscriptions étaient gravées sur le disque. Le nécromancien était absorbé par son travail et trifouillait, écrivait, observait, réfléchissait. Il rangea quelques-unes de ses affaires et sortit quelques fioles contenant un liquide rouge pâle. Il prit quelques grandes respirations, puis il apposa sa main gauche sur le disque.

-Usstan yaith ussta quortek

Le mage serra les dents alors qu'une part de ses forces vitales le quittait, absorbée par le sombre disque. La peau de son avant-bras gauche prenait tranquillement une teinte noirâtre. Azraël retira sa main et reprit son souffle. Tout en observant le disque, il entreprit de prendre une des fioles et d'en boire le contenu. Presqu'aussitôt, sa peau reprit une allure normale.

Un individu aux habits sombres et nobles lui faisait dos. Dans une de ses mains froides et sans vie était maintenue une canne au pommeau d'argent, formant la tête menaçante d'un cobra. Il fixait la forêt, comme s'il regardait un point au delà des bois. L'homme ne se tourna qu'à moitié, juste assez pour constater l'identité de l'individu qui venait d'apparaître. En détournant la tête de la sorte, Malgol pu voir un dégradé obscur sur le visage d'Azraël, comme si sa carcasse, il y a peu de temps fraiche et vivante, commençait déjà à se détériorer. L'archimage retourna à sa contemplation.

-Qu'es-tu venu quérir, Malgol?

Après quelques secondes, l'archimage se retourna et appuya ses deux mains sur sa canne.

-Bien que je ne vois là qu'un autre de tes amusements, ce que tu me proposes saura à la fois apaiser mon esprit et satisfaire ma maitresse. Néanmoins, tu sais qu'il me faut les deux autres morceaux de cette aberrante trinité, si tu vois ce que je veux dire... Et si je te demande ce que tu comptes faire de ce «tout» une fois qu'il sera complété, qu'en feras-tu?