L'Église

- Il ne faut pas sous-estimer la force d'un alchimiste!

Owyn passa son sac sur son dos, rangea son pistolet dans sa ceinture, dans son dos. Il prit sa masse et la tendit à Maeva pour qu'elle la prenne. Quand elle se saisit de l'arme, il se pencha et prit la rôdeuse dans ses bras. Il la prit avec beaucoup de facilité, comme si elle ne représentait pas un poids supplémentaire. Les chandelles s'étaient éteintes d'elle-même. Owyn poussa la porte de l'église avec son dos et s'engagea dans le sentier avec la femme dans ses bras. "Comme une princesse, disait Hurniseÿ".

La jeune rôdeuse ria un moment.

- Tu n'es pas sérieux ? Tu vas finir par te blesser.

Elle souriait, mais elle était quand même sérieuse. Elle regardait Owyn et se taisa. Voyant que de toute façon, elle n'arriverait pas à le faire changer d'avis. Cependant, elle avait tout de même peur qu'elle finisse les fesses par terre. Elle s'accrocha donc un peu plus au cou de l'alchimiste.

- J'ai jamais dit que je doutais de la force d'un alchimiste, tu sais...

Owyn enleva son bras qui tenait le dos de Maeva. Il la tenait juste dans sa main gauche, sans même qu'elle ne le tient.

- Ne pas mettre au défi un alchimiste. Il a toujours un coup d'avance!

Owyn la rapprocha de lui, plus pour l'avoir près de son corps, que par nécessité de la tenir fermement. Ils marchaient, surtout pour Owyn, sur le sentier en direction du village.

- Tu sais ce que font deux sharrans dans le désert?

Elle tenta dit pensé, mais mise à part mourir et rire d'eux.. Elle ne trouvait pas grand chose.

- Non, mais je sens que tu vas me le dire.

Elle souria. Maëva avait bien envie de savoir ce qui allait être la réponse.

- Sérieusement, qui veut connaître le destin d'un sous-homme?

Il rit joyeusement avec la femme. Ils ne se souciaient pas vraiment de ce qui pouvait arriver, ni qui ils pouvaient rencontrer. Ils étaient simplement bien ensemble. Owyn posa un regard de désir sur Maeva. Owyn ne marchait pas aussi rapidement que son pas habituel. Il étirait le temps.

- C'est quoi la différence entre un gobelin et un troll?

- Les deux sont horribles ?

Elle tira la langue.

- Non.. Je rigole. J'en sais rien. Je ne connais pas vraiment de blague...

- Tous les deux terminent leur vie sur une broche d'un orque affamé.

- Quand est-ce qu'un nain arrête de boire?

- Oh ! Ça je crois savoir.

Elle semblait vraiment détenir la réponse, mais en réalité... La rôdeuse en avait aucune idée.

- Jamais. Même quand les réserve son vide, ils trouvent toujours un moyen de boire.

Puis elle se taisa.

- Non... C'est vraiment ça.

Elle baissa les yeux. Réponse stupide... Mais la prêtresse gardait son sourire habituel.

- Il dit toujours qu'il arrête de boire de-nain.

- Un nain ça mesure pas trois pommes. J'ai vérifié et c'est 2 pommes et un kiwis. C'est toujours moins pire qu'un gobelin, lui c'est deux kiwis et une pomme.

Maëva ria un peu à la blague du nain qui arrêtait de boire de-nain. Mais elle ne comprit pas la dernière qu'Owyn lui disa. Elle leva la tête vers le ciel. La jeune rôdeuse se disait qu'avoir une belle journée ensoleillée, c'était bien agréable. Tout comme la présence d'Owyn.

- Tu en as d'autre des comme ça ?

L'hiver était terminée, la neige fondue, les feuilles recommencent à pousser, à verdîrent. Maëva était furieuse et n'avait pas envie de se prendre la tête. La jeune rôdeuse entra dans l'église, sans prendre attention à rien et claqua la grande porte avec un grognement. Puis elle se retourna et leva les yeux vers les divans. Moxis s'y trouvait, assis en position méditation. Il avait ouvert les yeux et fait un léger sourire, comme pour se moquer d'elle. Maëva leva les yeux au ciel, mais ne sorti pas. Moxis s'adossa sur le dossier et la regarda.

- Content de me voir ? C'est rare !

Maëva ne semblait même pas avoir peur de lui. Elle s'asseya sur l'autre divan qui était juste en face et fixa le Sharran dans les yeux.

Fidèle à son habitude, Moxis adorait voir Maëva rager ainsi. Aussi, sa remarque l'amusa d'autant plus, il prit donc un sourire encore plus large et se justifia :

- J'en profite. Je n'ai pas eu beaucoup de compagnie cet hiver, mis à part Mordak, donc on peut dire que ça fait du bien de te voir. Surtout vu tu es dans cet état, c'est dans ces moments là que je te préfère.

Le moine eut un petit ricanement à peine perceptible. Il aimait particulièrement l'énergie que dégageait Maëva ces derniers temps.

-Bon, quel bon vent t'amène ici aujourd'hui? Je te manquais ?

- Toi, me manquez ? Arrête, tu vas me faire rire.

Elle croisa ses bras autour de ses jambes, pour prendre un appui. Le sourire qu'avait Moxis, la prêtresse le trouvait presque pathétique. Elle lui arracherait bien avec sa dague, juste pour le plaisir d'entendre le silence émaner de sa petite personne imbue.

- Je ne venais sûrement pas pour toi. Mais j'imagine que tu n'étais pas venu dans le but de me voir, toi aussi. Je serais trop flatter, voyons.

- Eh bien, je ne venais pas ici pour toi, mais plutot pour avoir un moment tranquille. Comme d'habitude, tu viens tout gâcher. Bon, tant qu'à ce que tu sois là, explique-moi donc pourquoi tu es si fâchée? Je peux peut-être t'aider, qui sait?

Moxis dit sa dernière phrase avec son ton de sarcasme habituel, sachant que Maëva "adore" ça.

- Toi ? M'aider ?

Elle haussa un sourcil.

- Ça serait nouveau.

La jeune humaine reprit son air normal. Elle n'avait envie de parler ni de Shar ni de Sylvanus ou Mailikki ni de Marcus ni d'Owyn ni de rien de tout cela. Et pourtant, elle aimerait bien voir ce vampire pour lui parler. Mais c'était sûrement impossible, il ne se montrait plus depuis un certain temps qui semblait étrangement trop long pour que Maëva ne s'en pose pas de questions. Les doigts de la rôdeuse s'entrelassa et elle soupira un moment, puis fit un sourire en coin.

- Et je ne m'excuserais pas, je dois dire que c'est assez amusant de toujours tout gâché quand il s'agit de te laisser un moment tranquille. Vu qu'en général, tu ne m'en laisses pas plus.

Elle s'assit en indien et posa ses mains sur ses genoux. Toujours vêtu de noir et de mauve, la jeune fille avait l'aire d'une vraie petite Sharrane. Ses ongles maintenant noir, trahissait chaque partie d'elle qui auparavant était douce et tranquille. Maëva l'était encore, mais pourtant elle se prenait de plus en plus souvent à penser de manière lourde et déplacé et de plus à plus à Shar, effaçant ainsi de sa mémoire la présence de Sylvanus et sa fille.

- J'ai pas besoin de ton aide à ce niveau.

- Il faut bien croire qu'on aime tous les deux se mener la vie dure. Aucun moment de répit en ce Mythall, faut croire. Pourquoi tu ne me fais pas confiance avec tes problèmes, tu sais que je suis toujours là et que je peux t'aider.

Ce qui ne veux pas dire je le ferais, se dit-il dans sa tête.

- Bon, explique à ton cher Moxis, ce qui t'apporte à lui.

- Si j'aurais su que ça m'aurait apporter à toi, j'aurais dévié mon chemin.

Elle se pencha un peu vers lui.

- C'est pas tout le monde sur le terrain qui est aussi amoureux de Moxis que lui-même !

Elle se redressa et se réadossa au dossier du divan. Le M sur la joue droite de Maëva piqua un peu, mais elle n'en fit rien. Juste un petit regard qui marquait que quelque chose l'énervait.

- Mais bon, j'ai beau tenté d'éviter les Sharrans, je finis toujours par retomber sur vous, donc.

La rôdeuse le regarda un moment et l'église entière de l'oeil avant de retourner son attention sur le moine.

- Dis, t'es pas avec ton amoureux ? Une autre chose de rare.

Moxis fit semblant d'être offusqué des paroles de la rôdeuse, puis lui dit, avec vantardise :

- Qu'est-ce que tu veux? C'est difficile de ne pas m'aimer. De plus, comme je passe la plupart de mon temps en ma compagnie, j'ai bien fini par succomber à mon charme. (Puis, sans broncher) Et en passant, je n'ai aucun amoureux. Je me réserve pour les dames. (Léger moment d'illumination, comme si une idée venait de lui traverser l'esprit) Puisque tu en parles, comment ça va avec tes compagnons de lit? Ça fait longtemps que tu ne t'es pas confiée.

Le disciple de Shar se pencha par en avant en prenant un regard intéressé.

Au lieu de le gifler comme elle voulu le faire, Maëva le fixa dans les yeux et lui souria.

- Oh très bien. Tous ses fantasmes qui te permet de croire toutes ces choses sont encore intacts. Dommage que tu n'es pas la chance de les voirs se réalisé !

La rôdeuse chassa l'image d'Owyn en mille morceaux dans une marre de sang pour se concentrer sur le moine. Elle s'appuya sur le bras du divan et observa Moxis. Puis, elle décida de rajouter une réplique qui ne pouvait que ressembler à celle de ce moine stupide.

- C'est vrai, il y a bien une chose de super beau sur toi ! Et c'est mon reflet dans le fond de tes yeux, rien d'autre. Alors arrête de penser que tout le monde est à tes pieds.

Maëva aggrandi son sourire.

- Peut-être que si tu serais plus mignon, les autres penseraient à te trouver beau, mais pour l'instant, y a que toi et ton petit Mordak qui te trouve beau.

À la première remarque, Moxis eut un petit regard de dégoût, à la deuxième, il eut un petit sourire satisfait. À la dernière, il prit un regard sérieux. Juste avant de parler, il prit un regard amusé et répliqua :

- Tu sais, je trouve toujours ça étrange. Tu t'imagines que j'ai des fantasmes impliquant ta personne, et tu as les tiens avec moi à l'intérieur.

Le moine de Shar s'étira et tente de prendre la main de Maëva tout en la regardant droit dans les yeux.

-Tu affirmes même que si j'étais un peu plus mignon, toi-même craquerait. Alors, pourquoi résister?

Maëva leva les yeux au ciel, comme si elle pourrait avoir des sentiments pour Moxis. Il était stupide et croyait que tout le monde pouvait l'aimer. «À trop ce mentir, on fini par se croire.» ( Paroles venant d'un chanson de Marie-Mai, pas de moi xD ) À ce niveau, Moxis ne pouvait pas faire mieux, se mentir. Il savait bien faire ça. Puis, il se pencha vers elle un peu et lui prit la main. La jeune rôdeuse grimaça et enleva sa main d'un geste brusque et s'asseya au fond du divan, le foudroyant du regard. Elle ne prononça cependant aucuns mots. Lorsqu'elle détourna le regard, elle le posa sur le bras du divan. «Ark !! Il peut toujours rêvé.» pensa-t-elle.

Lorsqu'il vit la grimace sur le visage de Maëva, Moxis ne put s'empêcher de sourire, surtout lorsqu'elle tenta de se faire menaçante. Il aimait tellement jouer avec cette jeune fille. Le moine prit un regard déçu et répondit :

- On se la joue "difficile à obtenir", à ce que je vois.

Il se replaça confortablement dans son divan, fixa la nouvelle Sharran droit dans les yeux avec un petit sourire baveux et affirma :

- J'aime ça.

Maëva ramena ses jambes à elle et releva les yeux vers Moxis.

- Si tu penses que je vais finir par te laisse m' ''obtenir'', tu te trompes. Tu réussiras pas.

Elle avait parlé d'un ton froid et sec, mais pas très fort.

Moxis, toujours aussi confiant de soi-même :

-J'obtiens ce que je désire. Ne te fais pas d'illusion, je ne fais que jouer avec toi, pour voir si tu as bien appis de mes enseignements. Et à ce que je vois, tout n'est pas perdu...