Le plan des morts

Quelques jours plus tard, Marcus se repris ses esprits dans l'épais brouillard. Il était toujours au sol, au même endroit où il avait été abandonné. Il se secoua un peu avant de se relever péniblement. Il connaissait cet endroit.

Il s'agissait du plan des morts. Le plan était étrangement lié avec le plan matériel qu'il connaissait. Tout était exactement pareil, à part ce constant brouillard qui l'empêchait de voir 5 mètres devant lui. Un silence éternel régnait dans l'endroit, souvent coupé quelques fois par un cri strident loin de l'endroit où il était. Les âmes erraient, sans but, dans ce désert de bruine.

Le Blackrose était toujours en toge beige. Il resortait un peu l'ambience qui régnait dans l'endroit. Le paysage blanc avec une tâche beige au centre.

Il regarda autour de lui mais voyais rien, dû à l'épais brouillard. Quelques tâches de sang attirèrent son attention quelques instants au sol, là où le rituel avait eu lieu. Il était prisonnier du plan. Il ne savait pas quoi faire.

- HÉHO !!!!

Seul un écho lointain lui répondit. Il était seul. C'était dangereux de voyager seul dans ce plan en étant pas vraiment mort, les créatures expulsant tout vivant. Seuls de grands hommes aux grands pouvoirs pouvaient voyager dans un tel plan sans risque, et Marcus n'était pas puissant.

La peur naquit en lui. La peur de la fin, de la suite, de l'éternité. C'était la première fois qu'il était seul dans un autre plan, sans aide, sans appui, sans ami.

"Oh Hé!", répondit une voix que Marcus connaissait, une voix trop proche pour être rassurante.

Quand Marcus se tourna pour voir qui lui avait répondu, c'était nul autre que la silhouette de Malgol qui le regardait. Peu importe le plan, peu importe la forme, l'assassin avait toujours la même apparence. Sans voir son visage, tout semblait indiquer qu'il était le meurtrier de Miltiade. Les âmes mortes et les créatures du plan des morts ne faisaient pas attention à Marcus, sinon que pour le dissuader de rester ici. Ces même âmes semblaient s'arrêter devant l'assassin et se prosterner ou accorder une salutation polie. L'assassin ne se préoccupait pas vraiment des âmes mortes, il portait son attention sur le prêtre.

Une âmes s'avença devant Malgol, elle ne se prosterna pas. Elle avançait droit vers l'assassin et fondit dans ses bras en larme. Malgol resta de marbre.

"Je m'excuse. Oh Lathandre, ne m'en veut pas d'avoir tuer ton chevalier. Vous savez aussi bien que moi que Miltiade ne pouvait rester plus longtemps en vie sans faire encore plus de tors. Je suis ton serviteur, j'ai agit pour le bien de la population. Même si elle a péri, ce n'est pas parce que Miltiade est tombé. Nest-ce pas... n'est-ce pas? JE N'AVAIS PAS LE CHOIX!"

L'âme de Curan tomba à genou et pleura abondamment, sous le regard de Marcus.

Marcus se retourna pour apercevoir Malgol, en compagnie de l'âme. Il le connaissait, grâce à la vision que Malgol lui avait apposé. La peur grandissait de plus en plus, sachant qu'il était à la merci de Malgol.

Cependant, la rage emportait sur la peur. La rage de vaincre, la rage de tuer. Malgol était l'être qu'il détestait le plus, et cette haine grandissait également à vue d'oeil. Avec les derniers évènements qui sont arrivés, il ne put se retenir.

- Tu n'es qu'un monstre, Malgol. Un manipulateur borné de deuxième classe. Un insecte.

Marcus s'avança d'un pas et il regarda Malgol dans ce qu'il aurait appelé "yeux", s'il aurait pu les voir. Cette première phrase lui avait étrangement fait du bien. Il ne l'avait plus sur le coeur.

- Tu as manipulé Amëlia, tu as manipulé mon frère et tu m'as manipulé au départ. Et tu crois qu'avec cette scène, tu réussiras à me remanipulé ? Trouves toi une nouvelle vocation, celle-là est finie avec moi.

Marcus regarda ce qui était Strongheart au sol. Il restait également de marbre devant tout cela. Il était prisonnier du plan des morts, et Malgol venait le narguer. C'était fini pour lui.

- Maintenant, laisses-moi tranquille. Tu as eu ce que tu voulais...

Le prêtre de retourna et s'avança d'un pas lent vers ce qu'il croit être la direction du fort des elfes. Avec ce brouillard, on ne sait pas sur ce quoi on peut tomber...

L'assassin prit une voix autoritaire et moqueuse :

"Ne dis pas du mal d'une âme morte. C'est irrespectueux pour ceux qui ont trépassé!"

"Allons Marcus, t'ai-je déjà fait du mal directement? Ne parle pas de la vision du passé que tu as eue, ce n'était qu'une scène du passé qui ne peut pas être changé. Je suis sincèrement désolé si mes quelques cibles étaient proches de toi. Je vais être franc, il n'y a personne qui peut et qui va venir t'aider dans cet état. Et ne crois pas que ton frère peut y changer quelque chose. La seule chose qui peut faire d'utile c'est de t'éclairer d'un rayon de lune pour que tu attires toutes les créatures du royaume des morts. Je ne crois pas que tu veux finir sous la main d'un Dévoreur d'âme…"

Malgol écarta Curan de son chemin. Il s'avança vers Marcus. Deux formes se matérialisèrent de chaque côté de l'assassin. L'une était une elfe noir aux courbes généreuses, les cheveux courts de couleur mauve et noir, vêtue d'une toge noir et mauve. Des griffes de métal remplaçaient les doigts d'une main et dans l'autre main se trouvait une dague noire. La deuxième forme était celle d'Amélie. L'assassin avait un bras autour de la taille de l'elfe noir et l'autre bras autour des épaules d'Amélie. Amélia était à sa gauche, Malgol avait sa griffe de doigt légèrement enfoncé dans l'épaule de l'elfe.

"Tu vois Marcus, je n'ai pas eu ce que je voulais malgré ce que tu en penses. C'est de ta faute, mais je ne t'en veux pas. Le coeur est plus fort que la tête, mais il se laisse manipulé par la tête. Dans ton état actuel, la seule aide que tu peux recevoir vient de deux personnes et je suis certain que l'une des personnes est peu encline à t'aider."

L'elfe noir sourit, un sourire complice.

Marcus s'arrêta dans ce qui ressemblait la côte de la forteresse. Il se retourna vers la voix de Malgol, qui avait disparut dans la brûme. Il s'avança et le prêtre put voir l'assassin en compagnie Myrkani et Amëlia.

- Que veux-tu alors, maintenant que je suis plus dans tes pattes ? Que comptes-tu faire avec moi, avant que quelqu'un vienne me chercher ?

Si quelqu'un allait le chercher, bien sûr... Hector, Amëlia, Fang, nouvellement Pyros. La peur augmenta graduellement avec la discussion. Malgol le nargait, c'était évident.

"Pas lui, elle ne peut rien faire, il ne le fera pas et il va mourir avant de te trouver."

Malgol répondit à Marcus, sans que ce dernier ait prononcé son questionnement. Myrkani ricana, mais ne prononça pas de mots.

"Mon cher paladin, tu n'as jamais été dans mes pattes. Je n'ai jamais voulu te blesser ou te froisser. Si je l'ai fait, c'est par erreur. Comme je te l'ai dit, il n'y a personne pour t'aider, sauf la personne qui t'a mis dans cet état, qui t’a fait prisonnier de ce plan. Sans ton ombre, sans ta moitié d'âme, tu ne peux pas mourir, mais tu ne peux pas vivre. Ces deux beautés ne vont pas t'aider! Et moi non plus, mais je connais le moyen pour toi de retourner sur le plan physique."

Au loin, Curan se releva et dégaina l'épée noire des Hommes. Il s'avança, tranquillement, vers le groupe...

Marcus ne comprit en quelle magie Malgol avait put lire dans sa tête comme un livre ouvert. Il prit un pas de recul devant cette première phrase. Il n'aimait pas comment Myrkani ricana devant lui, à propos de lui.
Il remarqua également Curan s'approcher du groupe, avec l'Épée Noire. Il prit un deuxième pas de recul, imaginant le pire. Il ne voulait pas être la prochaine âme prise à l'intérieur.

L'ironie était belle et bien là. Lui qui voulait emprisonner Myrkani à l'intérieur de ce "phylactère", son plan allait se retourner contre lui.

Il était prêt à s'enfuir, à pleine vitesse. Son armure ne lui nuira point ici.

- Et si tu croit que je vais vraiment te croire, dit-il, soupçon de peur dans le ton.

Myrkani leva un bras vers Curan. Elle lui signifia de rester sur place. Stronghearth resta sur place. Il plaça l'Épée devant lui d'un air solennel et baissa la tête en attente d'un prochain ordre.

"Je t'aime bien Marcus", dit Malgol d'un ton conciliant, "Je sais que pour toi je suis seulement un manipulateur et un assassin, mais tu as tors. Je ne suis pas manipulateur. J'ai des objectifs qui me sont donnés par des supérieurs et je dois les accomplir. La seule différence entre toi et moi c'est la méthode utilisée pour accomplir les objectifs. L'une n'est pas plus mauvaise qu'une autre, crois-le."

"Dans ce plan, j'ai beaucoup plus de pouvoir que toi. Je ne souhaite en aucun point les utiliser pour le prouver ou te faire du mal. Comme je te l'ai dit, je n'ai jamais voulu te faire du mal directement. Si tu crois encore que je suis un être vilain et perfide, alors sonde mon coeur et tu verras que je ne suis pas que cela."

Malgol se décolla des deux femmes pour s'avancer vers le paladin. Myrkani agrippa Amélia et posa une griffe sur son échine. L'elfe des bois était figé sur place, sans pouvoir bouger et parler. L'avatar de Shar observait son mari s'avancer vers le paladin. Elle réprima un sourire, elle ne savait pas vraiment ce dont Malgol en voulait au paladin. Normalement, l'assassin se salit les mains spécialement pour les porteurs de lumière. Il ne semblait pas vouloir tuer Marcus.

Marcus resta dans la même position qu'il était. Il regarda vers Malgol, et il avait l'impression qu'il ne mentait pas *Détection des mensonges*. Il avait l'intuition que Malgol avait prévu quelque chose pour lui. Il n'agissait pas comme il agissait avant. Il avait quelque chose derrière la tête.
Il regarda Amëlia et Myrkani du coin de l'oeil. L'Ombre empoigna la prêtresse de la vie d'un griffe dans l'épaule. Le visage en douleur, il ne put rien faire sauf se promettre de la sauver. Il l'aimait, et il devait la sauver.
Le prêtre retourna son regard vers l'assassin.

- Que veux-tu alors ? Que vas-tu faire d'Amëlia et moi ? Que veulent tes supérieurs ?

Il dit tout cela d'un ton assez lent, transpirant l'inquiétude.

"Ce que je veux c'est l'accomplissement de mon but. Ce que mes supérieurs veulent c'est l'accomplissement de la mission."

"La prêtresse ne me sert à rien, son corps était le plus intéressant pour le retour de ma femme. J'espère que tu ne m'en veux pas, j'ai pris les précautions pour que l'âme d'Amélia reste intacte. Tu vois que j'ai de bonnes intentions."

"Ce que je veux faire de toi ce n'est pas compliqué. Je veux t'aider à sortir de ce monde des morts. Mais tu te doutes que je ne le ferai pas sans demander un paiement de retour. Et si tu considères refuser mon offre, pense que tu passeras l'éternité dans ce monde, à errer et regarder le monde des mortels sans rien pouvoir interagir avec."

Marcus fut intrigué par l'exclamation de Malgol. Cependant, il ne désirait pas resté dans ce plan.

- Que veux-tu que je fasse ? Quelle est ton service que tu veux que je te rends ?

Il n'aimait vraiment pas ce qu'il se passait. Il se sentait... forcé.

Il repensa à ce qu'Amëlia lui avait dit à propos de cette discussion qu'elle avait eue avec ce même assassin. Le prêtre envoya un regard à Amëlia.

Malgol fit un pas vers Marcus. Il sourit pour lui-même, car sa capuche masquait complètement son visage.

"Ne t'inquiète-toi quant à la nature du service que tu auras à faire. Pour l'instant c'est moi qui te rends service. L'ombre qui marche sur le plan physique sous ton apparence ne pourra plus t'appartenir. Mais j'en ai quelques-unes de surplus que je peux te donner. Car un homme sans ombre est un homme mort. L'ombre est la moitié de l'âme d'un mortel, on ne peut pas s'en passer."

Quand Malgol parla d'ombres supplémentaires, quelque chose de spécial se déroula aux yeux de Marcus. Malgré leur présence dans le plan de met, un endroit sombre et sans lumière, l'ombre unique de l'assassin se dessina au sol. Puis des milliers d'ombres se séparèrent de l'ombre principale. Elles restaient toutes attachées au pied de Malgol mais elle s'étendait tout autour de lui. Des ombres toutes différentes. Si on se donnait la peine de portée attention, les ombres pouvaient vous renseigner sur la race et la profession de son ancien propriétaire. Amélia avait déjà vu ce phénomène et Myrkani connaissait son origine.

"Je t'en pris, choisis-toi un ami pour la route qu'il te reste à parcourir!"

Marcus regarda autour de lui, voyant une légion d'ombres. Il ne savait vraiment pas dans quoi il s'embarquait.
Ce qu'il savait et voulait, c'était de revenir le plus rapidement possible sur le monde matériel, afin d'aider Amëlia.

Il ferma les yeux, soupira d'un ton exaspérant, sachant ce qu'il faisait était une connerie de premier ordre. Il pointa l'ombre la plus près de lui, à droite. Peut importe, il voulait revenir.

- Content ? dit-il d'un ton simple.

Il craignait le pire maintenant. Avec ce qui est arrivé à Amëlia, il ne voulait pas que la même chose se produise avec lui, mais il le devait.

Il regarda l'ombre qu'il pointait. Elle avait des oreilles pointues et un air carré. Grande carrure, elle semblait avoir entraîné son corps lorsqu'elle était vivant.

Malgol fût surpris du choix de Marcus. Il ne le montra pas.

"Maintenant que tu as un ensemble complet, tu es prêt pour retourner chez les simples mortels."

L'assassin sortit sa dague noire et s'avança vers Marcus. Il n'y avait pas de doute sur ses intentions. Pourtant, Marcus était figé sur place. Malgol plaça la pointe de sa dague sur la gorge du prêtre.

"Si tu es mort en venant ici, alors tu dois mourir pour retourner là-bas. Ça risque de faire mal, mais c'est bien de connaître la souffrance, on devient plus fort."

L'assassin poussa sa dague lentement dans le cou de Marcus. Sous sa capuche noire, seul son sourire paraissait. La sensation de la dague de l'assassin n'avait rien de familier avec le métal régulier. La sensation était plutôt chaude, mais pour devenir glacé. Le prêtre sentit son âme déchirer. Puis il sombra dans l'inconscience.

L'âme de Marcus s'évapora. Malgol retourna auprès de sa femme et saisit Amélia par le bras. Ils disparurent dans la noirceur de la mort.

Marcus se réveilla allongé sur la tombe d'Izor, au cimetière. Il se leva lentement et se dirigea vers le village.

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