La Nécropole

La cloison était humide. Impossible de voir ni ciel ni soleil. L’obscurité opaque n’était aucunement troublée par une quelconque source de lumière. Il y avait un grand espace de plusieurs pieds de circonférence qui était connecté par un tunnel qui menait à une autre salle plus petite, puis cette dernière par un tunnel obscur dont l’aboutissement n’était pas visible, mais d’où émanait d’étranges ombres lumineuses.

Un être, qui avait tout l’air d’être un nain, taillait les murs de pierre. Il s’affairait visiblement à aménager l’endroit en affinant les irrégularités et sculptant les murs. L’œuvre avait une apparence de temple, mais un peu différent. Le nain avait la peau noire comme le charbon, mais flétrie comme le parchemin. Il ne semblait pas s’essouffler par sa besogne et demeurait muet, mettant tout sa concentration sur son travail. Azraël et Tsadkiel arrivèrent dans ces lieux sinistres, le mort-vivant portant la tente avec eux, et se dirigèrent dans la grande salle. La liche alla s’asseoir sur un banc de pierre pendant que le mort-vivant alla déposer sa charge tout près. Le mage s'adressa au disciple.

-Si les autres ont survécu à l'attaque, ils viendront nous rejoindre ici. Jusqu'à présent où en sont nos effectifs Tsadkiel? Avez-vous continué ce que j'ai commencé?

L’œil de Tsadkiel se tourna vers la décoration des lieux. Sobre, sombre, noire et grise, la pierre était taillée et plate comme pour les parois d'une cryptes. L'endroit sentait la mort humide et rampante, un mélange de moisissure et de décomposition. Le prêtre aimait bien l'ambiance des lieux et surtout l'aspect mesuré des formes et dimensions de ce temple dédier à Morana. C'était bien l'endroit parfait qu'ils avaient choisi pour construire, introuvable et surtout très sécuritaire. Nulle chance qu'on vienne leur y déranger, il pouvait s'affairer à leurs besognes religieuses sans avoir peur des représailles.

-Maître, je suis ravi de vous annoncer que nos effectifs vont probablement compter trois nouveaux membres si tout ce passe comme prévu. Même s'il me reste à évaluer leur foi en Morana, je suis confiant qu'ils nous seront d'une grande aide. L'un d'entre eux est un voleur. Très rusé, il ne cherche pas les biens matériels éphémères, mais bien la connaissance éternelle qui obtient par la lecture ou l'obtention de certaines reliques de pouvoir. Il n'est pas très vertueux, mais il propose de servir la Mort jusqu'à ce que ça force lui soit rendu. Une autre recrue est un des rares prêtres de ces lieux qui ose prier la Mort sens le caché. Il en est fier. Je suis confiant qu'il parvienne à intégrer nos rangs. Il semble très attiré par la connaissance, un peu comme moi, sauf que son but ultime ne semble pas d'être un haut-prêtre de Morana. Il pourra m'assister durant mes rituels à Morana puisqu'il en connait déjà beaucoup à ce sujet. Cependant, la dernière recrue est un peu plus difficile à cerner. Elle semble vouloir rejoindre notre groupe, mais son âme semble empreinte de chaos et de souffrance. J'ai peur de faire une erreur en l'acceptant. Je vais donc garder une attention toute particulière à son égare. Elle nous sera cependant utile si elle rejoint le Culte puisqu'elle contrôle l'art de l'enchantement aussi bien qu'elle sait manipuler les gens. Pour mieux les évaluer tous, je les ai laissé aux bons soins de Solis. Étant de la même race que ces nouveaux venus, il saura probablement mieux les entrainer et les tester.

Il finit son exposé de la situation ainsi, laissant Azraël assimiler les nouvelles informations. Il savait que son maître pensait déjà à autre chose. Il était toujours en avance sur tout le monde, son esprit était analytique, très froid et mathématique. Même s'il était souvent prit de saute d'humeur, il n'en demeurait pas moins qu'Azraël était très méthodique et qu'il planifiait tout à l'avance pour ne pas être prit au dépourvu lorsque les situations devenaient critiques.

Il observa alors le regard sur Azraël, cherchant à entrevoir dans le regard vide de son seigneur les traces inéluctables d'un plan grandiose.

Un voix se fit entendre dans l'esprit d'Azraël :

" Qui de ma famille aurais-tu éveillé cette fois? "

Les débats politiques avec la Coalition marchande n'ayant pas porté fruit, ces nouvelles, sans compter également l'acqusition d'un établissement déplaçable, rendit sa journée moins pénible. Il y a de cela quelques temps, la liche avait ramené de leurs cendres les membres d'un peuple oublié, fantômes d'un passé si lointain que nul écrit ne restait d'eux. Le mage ramenait bien entendu ces créatures pour en faire ses adeptes, mais, voyant que son oeuvre se perpétuait, il ne pouvait que se réjouir.

-Tu me vois fier que constater que vous continuez la tâche dont je m'étais acquité par le passé. Ton zèle, Tsadkiel, n'a d'égal que ta foi en la Mort. Notre maîtresse a su te guider vers les bonnes personnes. J'ai confiance que Solis saura bien les mettre à l'épreuve. Sache que j'ai hâte de voir par moi-même ces nouveaux venus... et de vérifier par moi-même leur allégeance.

Azraël, toujours, assit sur la pierre, se releva et alla au milieu de la salle, observant un point invisible sur le sol. Il claqua de ses doigts squelettiques.

-Kun!

Le duergar décharné laissa son travail et s'approcha de la liche.

-Commence dès maintenant à récolter les matériaux dont je t'ai parlé.

Le nain gris quitta aussitôt les lieux sans questionnement. Devant la moue interrogative du prêtre, Azraël lui fit part de ce qui s'approchait.

-À présent que le Livre a rempli son office, la Grande Faucheuse m'a fait part d'un moyen permettant de maintenir un meilleur contact entre elle et ses dévoués serviteurs. Elle nous demande désormais d'ériger l'Oeil de Morana.

Le nécromancien n'ajouta pas plus d'explication concernant cet objectif, préférant laisser le prêtre poser de lui-même ses propres questions.

À Olath par télépathie: «J'ai redonné un second souffle à ton peuple et à toi-même, Olath. Ils semblent maintenant aptes à continuer ce travail par eux-même. Néanmoins, à l'avenir, je m'arrangerai pour avoir un meilleur contrôle sur leurs agissements. Tu es bien placé pour savoir que certains souvenirs ne doivent jamais être exumés. Sur ce, je dois m'avouer moi-même impatient de rencontrer ces nouveaux venus.»

La voix se fit entendre une dernière fois; son ton laissait sous entendre qu'elle n'avait plus rien à dire.

" Tu sais que je n'hésiterai pas à les tuer de mes propres mains s'il le faut. Et sans mon sang, ils sont aussi peu que le sont les mortels... "

Dans la grande salle ou il se trouvait, mis-à part les murs remarquablement bien taillé par les mains expertes de Kun, on pouvait observer certains reliefs dans la roche. Si on s’approchait assez on pouvait alors constater qu’il s’agissait de représentation graphique de certain passage du livre de la mort. On pouvait y voir le passage, étape importante pour tous les morts, ainsi que le rituel du Dernier Souffle. Le mythe de Morana était aussi bien amorcé, mais n’était pas encore finaliser. Un socle ou reposait les fameux documents, sources de l’inspiration de Kun, était majestueusement décoré. Pierre en tout genre, cranes, reliefs et parures d’or et de cendre mélangée à du sang alimentait la magnificence du socle.

Juste à ces côté, il y avait l’autel improvisé de Tsadkiel qu’il utilisait tous les jours pour pouvoir entré en contact spirituel avec ça Maîtresse. Bien sûr il ne l’a voyait jamais, mais il l’a sentait tout proche. Même qu’il avait eu une vision récente où il pu voir un aperçu de ce Morana attendait de lui. C’était bien sûr l’œil dont parlait Azraël. Il ne voulait pas le questionné à ce sujet, jugeant qu’il était apte à interpréter ce que leur disait la Mort sans son aide. Il lui était plus important encore d’en terminer avec son rituel pour sacrer l’artéfact de sa Maîtresse. Il se mit donc à genou, fit deux triangle dans les aires avant de relier leur sommet au côté opposé des triangles adjacents et il coupa la forme en deux, d’un geste de main. Il répéta la gestuelle à plusieurs reprises tout en priant Morana de le guider vers son destin.

Sa prière finit, il marcha vers la deuxième pièce ou il n’y avait encore rien d’installé, tout y trainait. Des outils de minage, des marteaux de précision pour les sculptures et des équipements variés y étaient disposés de façon aléatoire et désordonnés. On y sentait encore plus la présence de chaire putréfié et de sang caillé. D’ailleurs, un cadavre de se qui semblait être un gobelin s’étendait las sur le sol froid et humide de la Nécropole. Son crâne avait été arraché, probablement pour aller enrichir les parois de la crypte.

Voyant que le prêtre ne questionnait pas ses paroles, Azraël en comprit que le disciple saurait faire le nécessaire pour l'accomplissement de cette nouvelle tâche. Le mage laissa alors Tsadkiel à ses occupations. La liche fut soudainement prise d'un élan de lassitude. Assise sur son semblant de trône, elle commença à méditer.

Pour les personnes connaissant le nécromancien depuis un certain temps, il était possible de déceler un changement dans son comportement. Dans le Mythall, les vagues de mort-vivants et de démons s'étaient amoindries, la liche avait perdu de sa vision des grandeurs et de sa fougue. Malgol ne disait pas faux lorsqu'il déclarait que le sorcier n'était plus de même depuis la Grande Guerre. Les innombrables années d'exil loin de la vie et de la mort avaient affectées son être et sa mémoire, il faut croire que certaines choses sont restées dissimulées dans son esprit, choses dont il n'a plus connaissance aujourd'hui. De sombres fantômes du passé emprisonnés derrière une porte fermée à double tour. Il avait dévié de sa route. Azraël était prise de doutes depuis environ deux lunes. En fait, depuis que lui et Olath avaient convoqué la Mort. La liche avait sous-estimé le danger que pouvait représenter cet être qu'il avait su fuir durant tant d'années. Désormais, quelque chose le liait à la Grande Faucheuse, une dissuasion implacable pour un humain ayant vécu aussi longtemps. Tant d'années, cela fait si longtemps...

Azraël se sortit de ses limbes intérieures agita sa main à la hauteur de sa tête, comme voulant dissiper une brume invisible qui l'entourait. Il avait du travail à faire. La liche avait l’avantage de voir à long terme et profitait amplement de son état de non-vie pour utiliser chaque heure pour l’accomplissement de son œuvre. Il claqua des doigts. Le mort-vivant qui l’avait accompagné depuis le grand pommier lui apporta une table de travail ainsi qu’un petit coffre dans lequel se trouvaient toutes sortes de choses. Le mage en sortit des parchemins, une plume, de l’encre et commença.