Owyn Voyageant

Vous me demandez de résumer ma vie. Chose bien simple et compliquée à la fois. Car voyez-vous, autant que j’aie plus de 300 étés, je n’ai point de choses bien intéressantes et palpitantes sur la vie à raconter. Je crois que j’ai cerné quelques moments clés de mon existence.



Tout d’abord, ma naissance fut plus que controversée, pour une personne qui a vu des couples normaux dont les deux parents sont de la même espèce. Cependant, dans ma famille, il existe un dicton qui mentionne : « Plus il y a des gènes étrangers, et plus l’enfant est fort. » Et donc, il est très normal de voir dans notre grande famille une liaison entre un troll et une naine ou un gnome et une vampire.
Donc, de ma mère, je tiens des particularités exotiques, et de mon père, des particularités plus douces. La plupart du temps, on me perçoit comme un demi-elfe ordinaire, mais au fond, je sais bien qu’ils se trompent tous. Je suis bien plus, je tiens mes racines d’une liaison qui porte deux races dans une lutte éternelle.
Je suis venu au monde à Eau profonde, la cité sur la Côte des épées.



Ma mère et mon père ne se sont jamais occupés de moi. Non pas par négligence, ils n’en étaient pas capables. C’est pour cela que ma mère a remis mon éducation à mon grand-père, un gnome qui a goûté à l’immortalité par sa liaison avec Vlanem, une vampire. Quoi qu’il en soit, il a vécu plus de quatre siècles. C’est lui qui m’a tout appris, mon grand-père l’érudit. Il vivait dans une bibliothèque, jour et nuit plongé dans ses livres. Il m’a donné la passion de la connaissance et des livres. Pendant près de 220 ans, j’ai passé mon temps entre la lecture et les récits de voyage.
Sharphih, mon grand-père, est très connu et aimé des grands savants et intellectuels de plusieurs pays et contrées. On traversait des milliers de lieux pour venir le voir ou lui demander conseil. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de plusieurs grands mages, alchimistes, prêtres, philosophes, rois, parfois des guerriers et un personnage étrange qui se disait mathématicien…



Une folie, un cou de tête, une erreur de jeunesse ; voilà comment décrivait mon grand-père, mon départ de la bibliothèque. J’en avais assez entendu et lu ; maintenant, j’avais soif de voyage, de voir les lieux des récits. De sentir l’odeur décrite, toucher les grandes murailles de pierres d’un château, entendre le souffle de la brise chaude de la fin de journée d’été. J’avais besoin de sortir.
C’est ainsi que je partis avec une amie de mon grand-père. Une vétérante pisteuse, la grande rôdeuse connaissant la moindre parcelle de sa contrée et retrouvant son chemin au milieu de la forêt par une nuit sans lune. Je partis avec Hurniseÿ, une elfe d’une beauté incomparable.



C’est avec cette elfe que je parcourus des milliers de lieux différents. J’ai vu villages, villes, châteaux, contrées, pays, continents, tous différents les uns des autres. J’ai appris de nouveaux dialectes, de nouvelles croyances, des écritures inconnues, et des cultures riches en diversité.
J’ai vécu sur les chemins près de sept siècles, voyageant sans cesse. Mon nom de famille m’était inconnu. Owyn de prénom, ceux que j’ai rencontrés m’ont surnommé le Voyageur. C’est ainsi que j’ai adopté le nom d'Owyn Voyageant. J’ai appris beaucoup de la rôdeuse sur les différents mondes et sur la nature, et moi, j’ai réussi à lui ouvrir son cœur. J’ai découvert mes talents, ceux d’un charmeur. J’avais l’habitude de raconter des histoires ou de jouer un morceau pour nous payer une chambre dans les auberges. Il m'est arrivé de coucher avec les filles des aubergistes pour pouvoir me faire une place, non sans déplaisir! J’ai appris à différencier les plantes et trouver des combinaisons d’ingrédients souvent puissantes, mais quelques fois sans intérêt. À force de parcourir les continents, j’ai acquis un nom, parmi ceux qui se démarquaient de la masse.



Vint le jour où la rôdeuse partit. Je retournai à la maison. Je suis retourné voir mes parents, ma famille. J’ai appris de ma mère l’existence d’un cousin qui s'y connaissait en musique. C’est ainsi que je fis la connaissante de celui avec qui je partirais vers Salleum. Ayant tous les deux le goût de l’aventure, Sovran et moi engageâmes un équipage pour faire la traverser du continent vers l’ancienne cité de Salleum.



Ça y est! Je me suis rendu et je suis encore en vie! J'ai pris la peine de tenir un journal de bord pour me rappeler de qui je suis et ce que j'ai fait. On m'avait dit que la magie qui protégeait l'ancienne Salleum pouvait troubler les esprits. Cependant, j'ai oublié le contenu des livres de la bibliothèque de mon grand-père.