Sentier : Chemin de l'Infini

Il fut un temps où il était inconcevable qu'une telle vague d'énergie positive eu conférer tant de soulagement à Azraël. Désormais, son corps était bel et bien constitué de chair et s'était appaisé. Le magecligna des yeux, comme s'il venait tout juste de s'éveiller d'un profond sommeil. Il s'hasarda à se redresser et de poser à genoux. Il était totalement rétabli, physiquement. Il reprenait graduellement ses esprits et constatait les faits. Il venait de se faire arracher de sa forme originelle et se retrouvait de nouveau dans cette prison de chair chaude et putride, cette enveloppe faible et fragile. Il leva son regard vers le fantôme.

-Vous dites?

Le mage se releva doucement, essuya son visage du rebord de sa manche et réarrangea ses vêtements. Tout en se cherchant une branche au sol qui pourrait lui servir de soutien, il répondit au fantôme.

-Mes origines prennent naissance dans un temps ancien, cette enveloppe de chair est un mal que je dois endurer pour pouvoir interférer dans le plan matériel. Je...

Azraël s'arrêta, il avait déjà répondu amplement à la question de celui qui lui était venu en aide, pas besoin d'en ajouter d'avantage. Lorsque son interlocuteur lui fit mention d'un «compétiteur», le nécromancien se tourna face au fantôme et le regarda de façon perplexe.

-Un compétiteur?

"Ah! Ah! Vous n'avé pas perdou votre sang froid!"

Le fantôme se retourna vers Marcus quand celui-ci arriva près d'eux. Il remarqua la tention entre les deux hommes. Il ne put s'empêcher de de faire des blagues.

"Oh! Oh! Jé vais très bien merci. On dirait qué le marchand va moins bien en votré compagnie. Jé suis sour que cé n'é pas dé votre faute. N'é-ce pas, jeune homme?"

Azraël poussa un soupir. Il baissa un peu la tête, comme s'il faisait mine de se soumettre à une force invisible. Il déserra le poing et eu un petit ricannement. Il leva les yeux vers Marcus. Les mots qui suivirent étaient teintés de venin.

-La monnaie de sa pièce. Décidément ton imbécilité et ta haine ton aveuglé. Tu me vois aujourd'hui, mon cher Marcus, comme la prophétie le prédisait. C'est ce corps de chair et de sang que prendra possession Tharick. Par ta faute la vision s'accomplira et tu aura causé notre perte à tous. Mes plus tristes félicitations. Tu ne te lâsse donc jamais de mener ceux que tu aimes à leur perte? De les trahir. De les blesser. De les damner. Avec un sourire visible. Tu n'es pas si différent de moi, tu dois l'avouer...

Le nécromancien secoua doucement négativement de la tête.

-Tu viens tout juste de venir au monde et tu prétends tout connaître de lui. Tu ne sais rien.... Tu es vain... Personne ne peut s'opposer à l'inéluctable...

Azraël poussa un soupir. Il ne servait à rien de gaspiller sa salive avec Marcus. Il préféra se prémunir contre certains imprévus plutôt que de déblatérer ce qu'il répétait sans cesse.

-Ky'ov'aer

Une lueur luit sur le front du mage, puis sa peau devint une solide membrane rochailleuse. Fut un temps où il n'aurait pas hésité à réduire en miettes cet homme, mais l'ancienne liche avait changé, du moins autant qu'une personne comme lui puisse changer. À ses yeux, l'heure de Marcus n'était pas encore venue, pour l'instant.

La nuit, maintenant plus présente que le jour, prenait de plus en plus possession de ce monde. C’est alors qu'une petite bourrasque de vent fit danser les feuilles et les cheveux nouvellement poussés de l'ancienne liche. Dans le vent un étrange bruit de fond essayait de percer pour se faire entendre, mais il fut si faible qu'il ne se fit presque pas entendre.

'' aa....aaaaaa.......aazzzz........aaazzzrrreeel....................''

Puis le souffle de vent tomba aussi soudainement qu'il s’était levé. Mais une voie persistait dans le crâne d'Azrael.

'' aaaaAAAaaazzzrrraaaaaeeellllll..........Ça fait longtemps....que.. je....te cherche......Rejoint.......MOIIIIIII.......''''

Puis, plus rien. La voie disparut.

Alors que Marcus s'en allait, Azraël était toujours alongé sur le sol. Il s'était calmé, mais demeurait immobile. Il ne pouvait se résoudre au constat de sa fin prochaine, il n'était tout de même pas pour finir son existence ainsi. Sa volonté ne tenait plus qu'à un fil. Il ferma les yeux et marmonna tout bas.

-Ô Morana, j'en appelle à ta sagesse. Toi qui guide mes pas dans les ténèbres et l'agonie, je te demande grâce. Que dois-je faire? Le Destin a tracé ma fin et je ne peux rien pour y remédier. Je t'en conjure, trace le chemin qu'il me faut prendre, je m'en remets à ta volonté. Moi, ton humble serviteur, celui qui accomplit ta volonté, celle des trépassés...

Le nécromancien chuchotait ainsi durant quelques instants, comme plongé dans ce qui paraissait être un reccueillement intérieur. Au bout d'un moment, il s'est arrêté pour regarder droit devant lui. Rien n'avait changé.

Le mage prit de grandes respirations pour se calmer. Il fallait qu'il retrouve son sang froid. Il finit par demander au fantôme.

-Qui es-tu au juste? Et que me veux tu?